Radio-Techna, ma collection P.Horguelin (Fr) P.Horguelin (GB) Nomenclature des Radio-Techna Les composants Radio-Techna La production des Radio-Techna La distribution des Radio-Techna Le monolampe communal Paul Horguelin fait son cinéma Un "Grand Bonhomme" Annexes Remerciements | |
Paul Horguelin et son ami Henri Defaix étaient entre autres choses
passionnés de photographie. C'est d'ailleurs largement à cette passion que
l'on doit l'incroyable richesse iconographique de cette étude. Au début des
années 30, les moyens financiers aidant, ils se lancent dans le cinéma
d'amateur en faisant l'acquisition d'une caméra et d'un projecteur 9,5mm
(probablement Pathé Baby, peut-être Pathé Wébo). Parmi les nombreux films de vacances réalisés
avant guerre et récemment dupliqués au format numérique par l'un de petits
enfants Horguelin, j'ai découvert une perle : Un film publicitaire de 2 minutes
à la gloire de Radio-Techna. La présence dans certaines scènes de postes
Philips (830 et 630) et d'un poste Lemouzy en bakélite (historiquement le
premier poste à lampes français en bakélite) date le film de 1932 au plus
tôt, époque ou
sont fabriqués les tout derniers Radio-Techna. Une photo datée extraite du
plan N°6 et figurant dans les archives Escot confirme cette datation tout en la
précisant. Le film a été tourné en septembre 1932, très probablement à l'occasion de la fête organisée pour le 10ème
anniversaire de la marque.
On peux éventuellement être porté à croire que ces 2 minutes de pellicule étaient destinées à
une exploitation commerciale. Chaque scène est précédée d'un bandeau
explicatif et, bien que le document se présente comme purement documentaire et
"pris sur le vif", on observe dans chaque image un véritable souci de
mise en scène, quitte parfois à ce que certaines libertés soient prises avec
la "réalité" du fonctionnement des ateliers Radio-Techna. Dans
le contexte de 1932 (à la toute fin des ateliers Radio-Techna) il est possible
aussi qu'il s'agisse d'un simple divertissement entre amis (c'est ce que suggère
Marc Horguelin), voir d'une sorte de "canular". Qui sait si ce n'est
pas aussi, dans l'esprit de Paul Horguelin, une manière d'immortaliser
l'atelier "pour l'histoire".
En tout état de cause, tout porte à croire que ce film n'a pas été utilisé
effectivement à des fins commerciales. Les 30 dernières
secondes sont occupées par un plan fixe sur un enfant destiné sans doute à
finir la pellicule. Le "timing" des bandeaux explicatifs est beaucoup
trop court pour pouvoir être lu. Les ateliers Radio-Techna ayant cessé de
produire des radios très peu de temps après, on peut penser dans ce cas qu'il s'agit d'un projet avorté.
La version visible depuis cette page a été légèrement remontée par
mes soins et montre le document tel qu'il aurait vraisemblablement du se
présenter au public s'il avait été achevé. J'ai rallongé le
"timing" des bandeaux explicatifs et supprimé le plan fixe de fin qui
ne concerne pas Radio-Techna. Pour le reste, je n'ai touché à rien du montage
originel. Je pense avoir ainsi respecté la volonté de Paul Horguelin.
Avant de visionner le film, il est utile à mon sens de consacrer quelques
minutes à la découverte du "scénario". Dans les lignes qui suivent
chaque scène est "passée au crible" et apporte un lot d'informations
pas toujours repérables du premier coup d'œil à 25 images par seconde. (Le
lien vers le film est en bas de page)
Bandeau N°1, titre de début. |
Plan N°1, vue en plan fixe de l'extérieur de l'atelier. A gauche la
"Tour Eiffel" est surexposée. Devant l'atelier une petite
voiture que je n'ai pas pu identifier. |
Plan N°2, vue en plan fixe de la "Tour Eiffel" avec son
panonceau "Radio-Techna" fixé au premier étage. A l'arrière
un personnage se déplace de droite à gauche. La maison ne comporte pas
encore d'extension sur la droite ce qui confirme une datation antérieure
à 1933. |
Bandeau N°2 |
Plan N°3. Intérieur de l'atelier. A gauche Paul Horguelin Jr, qui a
alors 2 ans, est entrain de démonter un "vieux poste" à selfs
amovibles (ce n'est pas un Radio-Techna). Sur les étagères des postes de
diverses marques non identifiés ainsi que 2 Radio-Techna et des Philips
630, 830, 2514, 2531. A droite une série de postes Super 5 qui semble en
cours de montage. L'éclairage est soigné, sans ombres portées. Ce
résultat n'a pu être obtenu avec la seule lumière du jour dispensée
sur un coté de l'atelier par une baie vitrée (d'ailleurs on remarque sur
l'un des plans suivants que les rideaux sont tirés). Manifestement, un
dispositif d'éclairage artificiel relativement sophistiqué a été nécessaire
à la réalisation de cette scène et des suivantes. Pour l'occasion,
l'atelier devait ressembler à un vrai plateau de cinéma. |
Plan N°3 (suite). Paul Horguelin pose sur la table un châssis de
poste Super 5 destiné à être monté dans une ébénisterie par le
personnage situé à droite. |
Plan
N°3 : Gros plan sur le Super5 de la photo précédente. On voit
clairement une différence de teinte de l'ébonite formant un ovale au
centre. L'une des propriété de l'ébonite est de changer de teinte quand
elle est exposée à la lumière. Ce châssis qui est sensé être neuf, prêt
à être monté dans sa boite, a en fait déjà passé auparavant
plusieurs mois, voir plusieurs années, dans son ébénisterie. On est donc non pas
face à des images "prises sur le vif" de l'assemblage des
postes Super5 mais face à une reconstitution (pour les besoins du film).
En 1932 cet appareil est particulièrement archaïque et il est vraiment
douteux que sa production se soit poursuivie aussi tardivement (même pour
l'équipement des campagnes qui ne disposaient pas encore du secteur, il
existait alors des appareils beaucoup plus modernes). A partir de là 2
hypothèses se présentent : soit la production du Super 5 (voir de tous
les Radio-Techna) était déjà arrêtée au moment du film et il a fallu
puiser dans les stocks d'appareils encore à vendre pour organiser la mise
en scène. Soit la fabrication du Super 5 se poursuivait encore, mais à
faible rythme et, là encore, il a fallu puiser dans les stocks afin de
donner l'illusion d'une production de masse. |
Plan
N°3 (suite). La caméra s'est déplacée vers la droite. Il s'agit d'un
panoramique qui démontre une certaine compétence de la part du
caméraman (qui n'est ni Paul Horguelin ni Henri Defaix puisqu'ils
apparaissent à l'image). Les personnages à la table de travail sont (de
gauche à droite, avec une petite incertitude pour les 2 derniers) :
Gilbert Millard, René Garnaud, Jean Thibault. Derrière, en blouse blanche, se tient Henri
Defaix. La scène figure une véritable chaîne de montage avec, pour
chacun des intervenants, une fonction précise. Pourtant, s'agissant ici
simplement de glisser les châssis dans les ébénisteries (soit une seule
opération) on comprend mal l'utilité des 4 opérateurs (y compris dans
une logique de division extrême du travail). Il s'agit donc là encore
d'une scène de fiction destinée à donner l'illusion d'une production de
masse. La réalité du fonctionnement de l'atelier en 1932 était
certainement toute autre. Parmi les protagonistes de la scène, seul
Gilbert Millard est effectivement ouvrier monteur chez Radio-Techna. René
Garnaud est le jardinier de Paul Horguelin, Jean Thibault l'homme à tout
faire de la maison et Henri Defaix le gérant du magasin d'Epernay.
Aucun parmi ces trois personnages n'a en vérité jamais participé
au montage des Radio-Techna. |
Plan N°3 (suite). La caméra s'est encore déplacée vers la droite.
Henri Defaix pose les appareils sur une table haute après un dernier
contrôle. On note que les postes Super 5 sont tous équipés de leur
cadre. Pourtant l'assemblage des cadres en atelier ne présente aucun intérêt
pratique (ils sont amovibles et le contact se fait par simple pression,
comme sur certains Radio LL). Il faudra de toute façon les enlever pour
transporter les radios jusqu'au magasin ou jusqu'au domicile des clients
finaux. Là encore, on a probablement affaire à une fiction. |
Plan N°4. Paul Horguelin contrôle le fonctionnement mécanique des
portes et du cadre d'un poste Technadyne ou Super-Technadyne en version
meuble. A droite Henry Defaix pose les batteries d'un poste genre Super 5
en version meuble (mais avec un bouton de plus). Là encore la fiction ne
fait aucun doute. Compte tenu de la propension des batteries humides à se
répandre sur le sol à la moindre occasion (à fortiori durant le
transport sur les mauvaises routes de l'époque), une telle opération ne
pouvait être réalisée que chez le client. |
Plan N°4 (suite). La caméra se déplace vers la droite. Henri Defaix
est toujours afféré au montage des batteries. A sa droite le frère
Louis du monastère de St Gabriel travaille au montage des connexions
arrières d'un autre poste genre Super 5 meuble, identique à celui qui
occupe H Defaix. Cet appareil ne figure pas dans les archives
photographiques Horguelin. A l'arrière un autre personnage n'est pas
identifié. |
Bandeau N°3 |
Plan N°5 : Au premier plan le frère Louis, au second plan Paul
Horguelin. Tout deux sont afférés au câblage de postes Super 5. L'image
contraste singulièrement avec les plans précédents puisqu'il apparaît
ici que le câblage est une opération prise en charge par un seul
individu (ce qui correspond certainement plus à la réalité dans la mesure ou
l'on observe en pratique une forte disparité dans le soin apporté à
cette opération suivant les appareils). Seule prise de liberté, ni
Paul Horguelin ni le frère Louis ne participaient "dans la
vraie vie" au câblage des appareils. Au troisième plan à
droite, Marguerite Horguelin est occupée à la machine à graver. |
Plan N°5 : Gros plan sur Marguerite Horguelin (désolé pour la
définition). Marguerite Horguelin travaille à la machine à graver alors
que Paul Horguelin jr "papillonne" autour d'elle. La gravure sur
ébonite était le thème du bandeau mais elle n'est visible en fait qu'en
arrière plan sur l'ensemble de la scène. |
Bandeau N°4 |
Plan N°6 : Usage des enfants dans la publicité mais plus probablement
simple preuve de
tendresse paternelle, Paul Horguelin jr, assis sur une chaise,
"tripote" les boutons d'un Philips 630. La scène est très
travaillée à défaut d'être démonstrative du sujet Radio-Techna.
L'éclairage est excellent et il semble qu'un petit studio de fortune ait
été monté pour l'occasion avec un fond uniformément noir. La scène se
termine sur un "fondu au noir" ce qui fait penser à une prise
de vue avec une caméra Pathé Wébo (ce type d'effets ne pouvait pas
être réalisé avec une Pathé Baby). C'est une photo datée extraite de
ce plan qui figure dans les archives Escot (Odette Escot est la marraine
de Paul Horguelin jr). |
Bandeau N°5 |
Plan N°7 : La façade du nouveau magasin de Châlons-sur-Marne, ouvert
à la fin de l'année 1930. On voit un client (ou un figurant) sortir, puis
une voiture et un piéton passer. |
Plan N°8 : Une vitrine du magasin de Châlons. On aperçoit un
"plat à barbe" Philips et plusieurs postes secteur type borne
non identifiés. A gauche de la femme (qui est une PLV Philips) il s'agit
probablement d'un appareil de marque Monopole. A sa droite on aperçoit un
Lemouzy en bakelite. Pas le moindre Radio-Techna en vue. La tête de Paul
Horguelin dépasse du rideau ce qui confirme que là encore il n'est pas
l'auteur de la prise de vues. |
Plan N°9 : L'autre vitrine du magasin de Châlons, entièrement
dédiée aux postes Philips. De gauche à droite types 830, 730
(probablement), 630, 930 (un modèle déjà ancien en 32). Là encore il
n'y a pas de Radio-Techna en vitrine ce qui confirme que la vente de ces
radios n'était plus la priorité à cette époque. Comment expliquer
alors qu'ils soient fabriqués en "grande série" sur les plans
précédents? |
Plan N°10 : L'intérieur du magasin de Châlons. Marcelle
Brisson, gérante, fait la démonstration du fonctionnement d'un
phonographe à un client. Sous toutes réserves on croit reconnaître Mr
Cazals (des champagnes du même nom), un ami de la famille Horguelin. Sur
les étagères 2 Radio-techna (dont un poste secteur primitif présent sur
la nomenclature), un "plat à barbe" Philips et quelques HP non
identifiés. |
Bandeau N°6 |
Plan N°11 : Autre vue de l'intérieur. Paul Horguelin discute
avec un client (figurant?) non identifié. A gauche 2 Radio-Techna (les
mêmes que vus dans les ateliers), un HP Celestion. Au centre sur les
étagères des HP Philips. A droite au premier plan un Lemouzy en bakélite,
à l'arrière plan un Philips 830. Le film s'achève sur ce plan. |
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