THE               MUSEUM   

             

 Histoire d'une restauration

Le récepteur Popoff-Ducretet
Histoire d'une restauration
Généalogie des cohéreurs Ducretet

 

8 mai 1999, 5 h. Ce matin je suis motivé. Levé à 2 heures, j'arpente depuis déjà un moment les allées d'une grande brocante du nord de la France. Les "brocs" sont encore affairés à déballer. Les chineurs s'agitent dans tous les sens à la lumière des torches électriques alors que les premières lueurs du jour percent derrière les immeubles. Une rue comme les autres, pourquoi ai-je pris cette rue plutôt qu'une autre? Un stand comme les autres, pourquoi  ai-je regardé ce stand plus que les autres?...la poussière peut-être, quand les objets de chine sortent d'un grenier ils sentent toujours meilleur. Et puis il y a là ce pitoyable poste à oreille, posé sur une table branlante. Un poste peut toujours en cacher un autre...on sait çà d'expérience. Le camion est loin d'être vide mais le timide faisceau de ma lampe (évidemment j'ai oublié de changer la pile) n'éclaire rien d'autre que des meubles. A tout hasard je pose "LA" question (la seule en ces circonstances, les collectionneurs auront compris). D'un geste pas très aimable le broc encore tout occupé à déballer me désigne le superbe objet  "design 1950" que j'avais déjà aperçu et il retourne à ses affaires. Il a une bonne "tête de broc" mon broc, une comme on en fait plus, clope au bec, pas rasé et fringues douteuses, pas du genre à se laisser emm..... et il a maintenant en mains une bien curieuse boite métallique qu'il s'apprête à poser par terre. Maintenant on y voit presque clair...cette boite me dit quelque chose et puis c'est écrit bien gros dessus : "E.Ducretet-Paris"...Dans un cas pareil je comprend vite, j'ouvre la chose, je paye sans discuter et je file très vite au plus loin avant qu'un collectionneur jaloux ne passe à proximité et ne me "casse mon coup" (c'est arrivé). L'émotion vient après, quand je me "pose" au bistrot du coin pour savourer mon bonheur. Et cette fois ci ce n'est vraiment que du bonheur, la plus prestigieuse signature, la meilleure époque, le modèle le plus sophistiqué et le plus rare...ce matin j'ai chiné le Graal, MON Graal... un récepteur Popoff-Ducretet à cohéreur et à relais modèle 1905.

 

Toile de maître ou porte-clés, tous les collectionneurs ont leur Graal et tous rêvent de l'instant suprême de sa découverte, de préférence à vil prix. Rien n'est vrai dans la scène que je viens de décrire. Rien sinon le fait que quand je rêve, comme tout le monde, de la découverte du Graal, il se matérialise pour moi depuis bien longtemps sous la forme d'une récepteur Popoff-Ducretet à cohéreur et à relais chiné à la lampe électrique par un petit matin de printemps. Le Graal c'est par définition l'objet inaccessible... et quoi de plus inaccessible  pour un collectionneur de TSF que cet appareil. Au moment ou j'en rêve on en connaît qu'un exemplaire, que tout le monde s'accorde pour reconnaître comme la pièce maîtresse du musée de Radio France...et encore, il est loin d'être complet. Un Ducretet Piano, Un Mondial Vitus...on ne rêve plus devant des objets croisés cent fois...ou alors c'est  que l'on a le rêve "raisonnable" -Quoi de plus triste que d'être raisonnable jusque dans ses rêves-. Un triple tuner Marconi...regardez le site du musée Marconi...ils en ont dix.

 

Le récepteur à cohéreur et à relais Popoff-Ducretet modèle 1905 est le fruit le plus abouti de la collaboration entre 2 des protagonistes majeurs de l'invention de la TSF. Alexander Popoff est parfois présenté comme l'inventeur de l'antenne et il est semble t'il le premier à avoir eu l'idée, en 1894, d'adjoindre au cohéreur de Branly un dispositif décohereur automatique rendant possible la réception de messages. En Russie il est reconnu ni plus ni moins comme "l'inventeur de la TSF" et célébré depuis 1945 tel un héros national (au point qu'un jour férié -le 7 mai- lui soit dédié). Eugène Ducretet, quand à lui, n'a rien inventé de décisif dans le domaine de la radio-télégraphie. Il s'est contenté d'être le premier en France, en 1897, à s'intéresser à cette technologie d'avant garde, avec seulement quelques mois de retard sur Marconi et, il est vrai, des moyens financiers autrement moins considérables. De 1898 à 1906, année marquée par le décès précoce d'Alexander Popoff, les 2 hommes collaborent étroitement à la réalisation des tout premiers récepteurs de TSF commerciaux français. En 1905, ils présentent leur dernier modèle, le plus sophistiqué de tous, un appareil dont le décohéreur automatique comporte de nombreux réglages. Que de temps passé depuis les premiers modèles de 1898, que de progrès accomplis. Les distances franchies se comptent désormais en milliers de kilomètres et la technologie des tubes à limailles connaît ses dernières heures, concurrencée par les détecteurs électrolytiques et magnétiques autrement plus sensibles et performants. Très bientôt la triode de Lee de Forest les rendra à leur tour obsolètes. Combien Ducretet a t'il fabriqué de ces récepteurs ? Peut-être une centaine en 10 ans, peut-être une vingtaine de ce dernier modèle, personne en fait n'en sait rien. Toujours est-il que ces appareils, vendus pour la plupart en Russie pour l'équipement des navires de guerre, n'ont pas traversé les années sans encombres. Il est probable que la guerre maritime russo-japonaise de 1905 a eu raison de quelques exemplaires. Le "progrès" a fait le reste. Certains se sont sans doute décomposé doucement sur les docks de Rostov ou  St Petersbourg quand d'autres ont connu une fin plus brutale entre les mains des récupérateurs de métaux avant même que n'éclate la 1ère guerre mondiale. Aujourd'hui il ne reste presque rien de ces monuments technologiques, sinon les notices d'époque (elles mêmes plutôt rares) dont la gravure ci-contre est issue.

On n'atteint jamais le Graal mais j'ai finalement réussi à en réunir les trois quarts. Une coupe brisée en somme, mais dont un seul morceau eu déjà fait mon bonheur. La quête a été longue et douloureuse (c'est toujours plus facile en rêve) mais l'on peut désormais dire qu'il existe un second exemplaire répertorié de récepteur Popoff-Ducretet à cohéreur et à relais modèle 1905, presque entièrement authentique.

1/ La découverte de l'appareil

L'affaire débute il y a bien longtemps, un samedi matin, peut-être vers 1995. A cette époque je fréquente assidûment les puces de Clignancourt, lassé depuis déjà quelques années par les très mauvaises brocantes de la périphérie parisienne ou on ne trouve plus rien (ou si rarement). Les puces ne sont pas un terrain de chasse miraculeux mais en insistant bien on fini toujours par découvrir quelque chose (du moins il y a 15 ans). Ce matin là, un marchand d'objets scientifiques très honorablement connu me présente un télégraphe morse de marque Breguet. La télégraphie filaire n'est vraiment pas ma spécialité mais j'ai suffisamment de notions pour comprendre que cet appareil n'est pas ordinaire. Il s'agit tout d'abord d'un modèle à pointe sèche (donc plus ancien que les télégraphes imprimeurs). Le corps de l'appareil n'est pas rectangulaire mais présente une curieuse forme en "dos de chameau" qui laisse visible l'ensemble de l'entraînement. L'entraînement justement ne comporte pas de moteur à ressort mais un système à poids comparable à ce que l'on trouve sur les pendules comtoises. Le prix est conséquent mais je suspecte là un objet extraordinaire. Je n'ai pas pu résister, je l'ai acheté et j'ai eu mille fois raison. Tout porte à croire qu'il s'agit là du tout premier télégraphe morse français, fabriqué vers 1850-55 pour remplacer le système Foix-Breguet à 2 aiguilles, bref une pièce historique dont un seul autre exemplaire est alors connu au CNAM (cet appareil est visible sur ma page "early radios"). La nouvelle de ma découverte s'ébruite rapidement et suscite de nombreuses propositions d'achats. Pour moi cet appareil n'est pas le Graal, mais j'abhorre l'idée de vendre une pièce historique. Je résiste à la "soif de l'or" et le télégraphe rejoint ma collection.

S'écoulent alors quelques années ponctuées de nombreuses relances. Vers 1999 je me rend à une bourse de radios dans l'est de la France ou je m'attend à ce que l'on me parle encore de mon Télégraphe. Un très important (et néanmoins fort sympathique) collectionneur européen tente une nouvelle approche. "Quel type d'appareils accepteriez vous en échange?". A cette époque, mon intérêt pour les récepteurs à cohéreurs est de plus en plus vif. Quelques mois plus tôt j'ai chiné (vraiment chiné, pas seulement en rêve) un cohéreur de démonstration Ducretet modèle 1901-1902 et je n'imagine pas pouvoir trouver pièce plus importante. Je répond naturellement "je recherche des cohéreurs". Le collectionneur fouille dans ses dossiers à la recherche d'une image et j'imagine déjà qu'il va me proposer un appareil de démonstration de marque quelconque, comme j'en ai déjà quelques uns. Il sort alors le livre "Les plus beaux objets du musée de Radio-France", l'ouvre à la page du Popoff-Ducretet et pointe le doigt sur l'ensemble à décohéreur automatique. "J'ai cela si vous voulez, pas l'appareil complet, juste cela". J'ai gardé mon calme, comme il scie en ces circonstances quand on a quelque expérience, mais j'ai aussi compris à cet instant que j'avais perdu mon télégraphe et gagné le premier quart du Graal. Enfin, le quart en volume mais c'est bien là la partie la plus importante de l'appareil.

Le décohéreur automatique et son tube cohéreur en écaille transparente m'est livré quelques semaines plus tard tel que présenté sur la photo ci-contre. L'appareil a été chiné au départ en Belgique auprès d'une vieille dame qui, curieusement, savait de quoi il s'agissait. Il se présente en très bon état d'origine, sans aucun manque mais avec une petite résistance bobinée "artisanale"  rajoutée sur l'arrière du socle. La teinte rosée de l'ensemble des parties en maillechort (approximativement 60% de cuivre, 20% de zinc, 20% de nickel) est liée à une légère instabilité de l'alliage. D'infimes parties de cuivre sont remontées en surface formant ainsi un semblant d'oxydation. Le socle comporte bien 3 perçages afin de pouvoir fixer l'appareil sur la base plus large du récepteur à cohéreur et à relais mais aucune trace ancienne de vis n'est visible sur le pourtour des trous. Cet élément (qui n'était pourtant pas proposé à la vente séparément dans les catalogues Ducretet) n'a manifestement jamais été monté. L'appareil est presque en tous points identique à celui qui est présenté sur une notice Ducretet de novembre 1906. Une petite différence cependant, l'absence de la marque E.Ducretet sur la face avant en ébonite. Il diffère plus sérieusement de l'appareil conservé au musée de Radio-France car sur ce dernier on trouve 2 petites résistances bobinées fixées à l'ébonite. Certaines des pièces de maillechort portent le N°1 (ce n'est probablement pas un numéro de série, plutôt une série de repères d'assemblage). Le tube à limaille en écaille transparente est marqué "E.Ducretet-Paris, Bté SGDG France et étranger"  et comporte certains signes cabalistiques qui correspondent au type de limaille utilisé (je ne dispose pas des éléments de décryptage du code utilisé par Ducretet). Le tube comporte un très léger fêle qui ne nuit pas à la solidité mais va me dissuader de tenter un quelconque démontage de cette partie de l'appareil.

 

Face à un appareil de cette qualité, il ne s'agit pas de faire n'importe quoi. Ce qui me préoccupe le plus c'est l'oxydation. Comment en effet retrouver la teinte argentée de l'alliage sans trop dégrader la finition "brossée" des surfaces. Je n'ai aucune expérience avec le maillechort.  Je décide de démonter quelques pièces et de les tremper dans un bain légèrement acidulé au vinaigre blanc (comme je procède généralement avec les pièces nickelées). Il se produit alors une sorte de miracle (pour moi, car les physiciens de la matière l'expliqueront sans doute). La couche rosée se ramolli et se dissous doucement dans l'eau acidulée. Elle se trouve donc manifestement en surface, au dessus de la couche de vernis. Ce n'est pourtant pas de la crasse mais bien du cuivre. Il semble que d'infimes molécules de cuivre soient remontées à la surface du métal et aient traversé le vernis pour se déposer sur sa face externe. L'eau acidulée suffit à les éliminer presque entièrement. En procédant de la sorte pour l'ensemble des composants je parviens  à  faire disparaître la quasi totalité des taches rosées sans décaper le vernis d'origine et par conséquent également sans toucher à la finition du métal avec un quelconque abrasif. La photo ci-contre de l'appareil après nettoyage parle mieux qu'un long discours. Il semble presque neuf mais est pourtant encore recouvert de son vernis métal d'origine. Au terme de cette restauration facile, le cohéreur va rejoindre la petite vitrine que j'ai dédiée à ce type d'appareils et constituer le fleuron de ma collection durant plusieurs années.

 

L'affaire aurait pu en rester là et elle en est restée là jusqu'en 2008. 

Au début de l'année 2008, un très cher ami collectionneur m'informe qu'il vient de trouver la boite vide en laiton de mon cohéreur. Il s'agit d'un achat sur Ebay France et l'objet avait échappé à ma vigilance. Sur le moment je doute un peu. En effet, cette boite n'est pas représentée sur la notice de l'appareil (bien que son existence soit clairement mentionnée) et la seule représentation que l'on connaisse est une mauvaise photo datée de 1907 ou l'on aperçoit une boite en arrière plan d'Eugène Ducretet. Seulement, le cohéreur contenu dans cette boite est du modèle dont on connaît un exemplaire au musée de Radio-France, sensiblement différent du mien. Il n'y a pour l'instant aucune assurance que cette boite convienne aussi pour mon cohéreur. Je me rend bien vite chez mon ami pour examiner l'objet et mes doutes s'évaporent en quelques minutes. La position des sorties au sommet de la boite correspondent apparemment  à ce qui est visible sur la gravure représentant l'appareil dans la notice de novembre 1906. Il s'agit bien de la bonne boite. La chose est intéressante mais que faire de cette boite en l'état. Il manque encore le relais et le panneau arrière qui comprend les résistances et de nombreuses connections. La reconstitution du panneau semble possible, quoi que complexe, mais la re-fabrication d'un relais à cadre mobile Ducretet n'est pas envisageable. Je connais en fait un exemplaire de ce relais mais je n'ai pas la certitude que le collectionneur qui le détient acceptera de me le vendre. Pris isolément, c'est déjà une très belle pièce. Après quelques mois d'hésitations j'achète finalement la boite, convaincu par un prix très raisonnable qui rend la prise de risque acceptable (merci A.C). Au mieux je pourrai reconstituer l'appareil. Au pire je pourrai toujours revendre la boite pour un prix équivalent si mes efforts pour récupérer un relais s'avèrent vains..

 

 

La boite est composée  de panneaux de laiton rivetés. Elle comporte une poignée de transport (du même modèle que sur le radio téléphone Popoff-Ducretet), 5 sorties situées sur le dessus, 2 petites étiquettes en celluloïd noir marquées "T et L" et une large plaque de fonderie marquée "E. Ducretet-Paris" sur le devant.  Elle se présente dans un état d'oxydation prononcé et présente de nombreuses coulures verdâtre. L'essentiel est là mais il y a néanmoins quelques manques : un pied en buis, un isolateur en ébonite et surtout le système de fermeture. 2 trous situés sur l'avant et 2 autres sur le côté droit laissent penser que certains éléments fixés à ces endroits ont disparu. Bref, il y a un peu de travail en perspective. Je décide de ne rien faire pour l'instant. J'ai certes là un second quart de Graal mais il n'est d'aucune utilité sans le relais.

 

 

 

Le relais à cadre mobile qui équipe normalement ce récepteur est un modèle fabriqué par Eugène Ducretet sous brevet Siemens. Il est d'ailleurs présenté dans les notices sous l'appellation "Siemens-Ducretet". Ce modèle apparaît en 1901 et il est commun ensuite à tous les appareils Popoff-Ducretet pour grandes distances dont les dernières versions sortent probablement en 1907 . On note cependant quelques différences de fabrication dans le temps : Sur certains exemplaires la molette de réglage est noyée dans le socle en laiton, sur d'autres elle est située au dessus du socle, sur d'autres elle est située à gauche et sur d'autres enfin il n'y a pas de socle (celui du musée de Radio-France). La boite de protection du cadre mobile présente une forme en pupitre sur certaines gravures, droite sur d'autres...et sur certains exemplaires (ceux vendus avec des récepteurs de démonstration) il n'y a pas de boite. A priori, cet appareil a été fabriqué en un nombre d'exemplaires sensiblement plus important que mon cohéreur et ma boite. Il a été produit pendant plus longtemps, a équipé aussi des récepteurs de démonstration et était proposé à la vente séparément. En vingt années de collection je n'ai cependant pas croisé plus de 3 exemplaires de cet appareil, tous légèrement différents par un aspect ou un autre et tous également inaccessibles car détenus par des musées . La version hypothétiquement accessible est d'autant plus intéressante qu'elle est exactement celle qui correspond à la notice Ducretet de novembre 1906. La boite est en pupitre et la molette de réglage noyée dans le socle et située sur la droite.

   

N'épiloguons pas plus longtemps, j'ai finalement réussi à faire l'acquisition du relais au début de l'année 2009. Merci encore à E.C pour son appui et merci aussi au grand collectionneur qui s'est finalement laissé convaincre de me céder une pièce importante de sa collection. Ce troisième quart du Graal se présente dans un état d'origine très correct. Le bobinage n'est pas coupé, la peinture qui recouvre l'aimant est comme neuve et il ne manque rien d'autre que la glace de protection sur l'avant. L'appareil est marqué "E.Ducretet-Paris" ce qui est très bien car un marquage "F Ducretet et E Roger", c'est à dire de 1908 ou postérieur, aurait constitué un anachronisme dans le cadre de la reconstitution du récepteur complet (mais rien ne permet d'affirmer que ce relais était toujours produit en 1908) Les parties exposées au éléments ont un peu plus souffert et présentent des traces d'oxydation. Cette oxydation est légère et à priori acceptable mais elle pose néanmoins un problème. Sachant que le cohéreur a quasiment l'aspect du neuf, que la boite vraiment trop sale ne peut échapper à une restauration qui lui donnera à elle aussi l'aspect du neuf, que le panneau arrière refait sera, par définition, neuf, doit-on ou non restaurer le relais  pour le marier à ces éléments? Je réserve pour l'instant la réponse.

 

 

 

2/ La restauration de l'appareil  :

Mars 2009, les trois éléments de l'appareil sont enfin réunis. Ces trois éléments, pris dans leurs individualités respectives, n'ont pas vécu ensemble le dernier siècle (enfin, qui sait, il y en a eu si peu de produits) mais ils sont pourtant bien faits pour aller ensemble. Autant le cohéreur que le relais et la boite sont du modèle 1905-1906. Il reste maintenant à reconstituer le récepteur complet ce qui n'est pas le moindre problème.

 

                                                                                              

 

 

Certains m'ont suggéré de copier le récepteur du Musée de Radio-France plutôt que celui présenté sur la notice de 1906. La principale différence entre les 2 tient au panneau arrière dont la présentation est radicalement différente (voir page généalogie). A priori, cette idée semble la bonne. Quoi de mieux qu'avoir un modèle ! Cette solution ne sera pas retenue pour 2 raisons : En premier lieu, le décohéreur automatique du  récepteur de Radio-France n'est pas exactement le même que le mien (il y a 2 résistances fixées à la face avant en ébonite sur le premier). Il n'est bien entendu pas question de modifier mon décohéreur pour le faire ressembler à l'autre. Définir un nouvel emplacement pour ces résistances impose un travail d'interprétation et le résultat final trahira nécessairement un peu la réalité historique. En second lieu, le modèle existe certes mais il est actuellement totalement inaccessible. Le Musée de Radio-France a fermé en 2007, il n'y a plus de conservateur et les objets sont entreposés dans un lieu tenu secret dans des caisses spéciales garantissant leur parfaite préservation jusqu'a une hypothétique réouverture qui n'est pas prévue avant plusieurs années. Seule reste accessible la photo de l'appareil dans la brochure du musée, qui est finalement beaucoup moins informative que la notice Ducretet de 1906.

Les éléments en ma possession pour réaliser ce travail "au mieux" sont finalement assez nombreux :

-La notice Ducretet de novembre 1906 présente en première page une gravure très fine de l'appareil sans sa boite. Elle présente aussi en page 2 le schéma de câblage complet. La mise en perspective de la gravure et de ma boite permet de cerner très précisément la position des différents éléments sur le tableau arrière et la taille approximative des éléments pour lesquels je n'ai pas de modèles (résistances, plaquettes d'ébonite)

-La mauvaise photo ancienne de la boite (déjà mentionnée) permet d'identifier la nature des éléments manquants sur mon exemplaire en vue de les refaire avec une marge d'interprétation minimum.

-Les 2 modèles de bornes utilisés sur le panneau arrière sont les mêmes que sur le décohéreur automatique (information confirmée par la photo de l'appareil du Musée de Radio-france). Je dispose donc de modèles à copier.

-L'inverseur double situé sur la gauche se retrouve sur un appareil légèrement plus ancien découvert finalement sur internet et conservé dans un musée au Canada (voir page généalogie). J'ai pu me procurer des photos précises et je suis donc en mesure de reproduire la chose avec une faible marge d'erreur (pour être encore plus précis il faudrait se rendre sur place). Cette appareil renseigne aussi quand à la nature de la matière utilisée pour le coussin antivibratoire du relais, il s'agit de caoutchouc (on retrouve cette matière au niveau des pieds de la boite)

- En 1905-1906, Ducretet fabriquait parallèlement au cohéreurs ses premiers appareils à double détecteur électrolytique. Il y a de nombreuses analogies de fabrication : Les prises d'antenne et de terre situées en haut à droite sont identiques, le procédé d'assemblage des parties en bois est le même (ou très vraisemblablement si l'on se réfère à la gravure), le fil de câblage utilisé est identique (point confirmé par quelques éléments de câblage visibles sur la photo du Musée de Radio-France), le système de fermeture de la boite est le même. Il y a quelques survivants de ces appareils. J'ai pu accéder à deux d'entres eux, prendre de nombreuses photos et relever les côtes.

- La photo de l'appareil du Musée de Radio-France permet encore de se faire une idée assez précise de l'emplacement des bornes sur le panneau horizontal, du type de lettres utilisé sur les plaquettes d'ébonite.

Il reste cependant des inconnues de taille concernant les résistances :

- Les dimensions et le mode de fabrication des 3 petites résistances bobinées situées en haut du panneau arrière n'est pas mystérieux mais il n'y a aucune information quand à leurs valeurs respectives sur le schéma de câblage. 

- Les 2 grosses résistances en boîtier bois situées à droite du panneau sont très spécifiques. Dans une notice de 1901, Eugène Ducretet parle de : "Résistance rectiligne céramique avec barreau en silicium". On ignore tout de la construction interne de ces résistances (et de leur valeur). Il existe bien des modèles (L'appareil de Radio-France, l'appareil canadien) mais pour comprendre de quoi elles sont faites il faudrait les démonter ce qui est difficilement concevable.

La restauration de la boite en laiton :

 La boite ne présente aucune trace de la présence ancienne d'un vernis. On doit donc en conclure qu'elle a été livrée neuve sous cette forme. Sous l'action de l'oxydation naturelle et des multiples traces de doigts laissées par les radio-télégraphistes un tel objet devait très rapidement présenter un aspect négligé ce qui n'était pas forcément un problème dans un contexte d'évolution rapide des techniques (il est probable que les appareils de ce type étaient tous réformés avant 1910). Il n'est pas besoin de trop s'étendre sur le nettoyage qui relève de techniques simples et demande surtout beaucoup "d'huile de coude". Un petit truc cependant à destination des néophytes. Avant d'attaquer le laiton au Mirror, il est franchement conseillé de "ramollir" la couche d'oxydation et de saleté en trempant la pièce à nettoyer dans un bain légèrement acidulé. J'utilise pour ma part de l'acide chlorhydrique à 23% comme on en trouve partout dans les magasins de bricolage que je dilue dans de l'eau (10% d'acide à 23% pour 90% d'eau ce qui ne risque pas d'endommager la pièce).

                                                                           

Le résultat de l'opération est forcément un peu clinquant mais dans la mesure ou le laiton se terni très rapidement, on peut penser que cette boite présentera une patine très acceptable dans un ou deux ans...et qu'elle sera à nouveau franchement sale dans vingt ou trente ans. Il ne me semble pas opportun d'utiliser ici un vernis qui serait une entorse à l'origine.

Comme je l'ai souligné plus haut, la boite qu'il m'a été donné d'acquérir présentait quelques manques : un pied, un isolateur, un petit réceptacle  pour un cohéreur de rechange et le système de fermeture. Les 3 premiers de ces éléments ont été refaits comme suit. Le système de fermeture est quand à lui repoussé à plus tard car j'ai bêtement oublié de relever les côtes sur les appareils à détecteur électrolytique que j'ai eu entre les mains.

 

Les pieds d'origine de l'appareil sont réalisés en buis et ils ont une fonction d'amortissement des vibrations puisque la partie centrale est en caoutchouc. A ce qu'il est possible de voir sur les gravures d'époque (modèle 1900-1901) le caoutchouc dépassait beaucoup plus quand l'appareil était neuf. Bien évidemment ce caoutchouc naturel d'époque est maintenant dur comme du bois.  La copie a été réalisée en buis et on a utilisé pour la partie centrale un caoutchouc synthétique d'aspect très proche de l'original. Le pied est légèrement teinté et verni au tampon afin que le couleur se rapproche de l'origine. On a cependant évité les traces d'usure artificielle susceptibles d'induire en erreur quant-à l'authenticité de cette pièce.  

 

L'isolateur manquant a été copié sur le modèle existant sur l'appareil à partir d'un rond d'ébonite. La partie non visible est filetée et l'ensemble est maintenu par un contre-écrou lui aussi en ébonite. On a respecté le filetage Ducretet d'époque et les côtes au 1/10ème de la pièce d'époque.  Ce petit réceptacle cylindrique est fixé à l'intérieur de la porte située sur la droite de la boite. Il était vraisemblablement destiné à accueillir un cohéreur de rechange. On dispose seulement d'une très mauvaise photo d'époque de la boite. Les côtes de cette pièce réalisée à partir d'un tube de laiton sont donc approximatives. On s'est basé sur les côtes du cohéreur pour en déterminer les dimensions. La fixation est réalisée avec 2 rivets de cuivre visuellement analogues à ceux utilisés pour le montage de la boite.   

 

 Les pièces de fraisage et de décolletage :

On arrive là au cœur de la restauration, en tout cas à son aspect le plus complexe. Le récepteur à relais modèle 1905-1906 présente la particularité d'être construit presque entièrement en Maillechort, un alliage composé de environ 60% de cuivre, 20% de zinc et 20% de nickel. Parmi les appareils Ducretet du début du vingtième siècle, on trouve quelques autres exemples d'utilisation du Maillechort mais cela demeure finalement assez marginal. On a relevé nul part dans les notices une quelconque explication à ce choix. Aujourd'hui, le Maillechort se décline en une multitude de variantes qui ont toutes en commun leur extrême rareté sur le marché des métaux. En effet, si cet alliage n'a pas entièrement disparu, son usage est en pratique limité à des secteurs d'activité très spécifiques comme la bijouterie, l'horlogerie, les instruments de musique (beaucoup de "cuivres" sont réalisés en Maillechort) et l'artisanat nord-africain (plats en métal repoussé). Ces usages délimitent les formes sous lesquelles on trouve le plus couramment du Maillechort, à savoir des plaques très fines (de 1/10ème à 1mm) et du rond de moins de 10 mm. Quant-il s'agit de trouver des dimensions différentes on se heurte auprès des quelques entreprises qui proposent ce type de produit à la barrière d'un "minimum de commande" sans rapport avec les besoins de la restauration. Certaines dimensions (plaques de plus de 1mm, ronds de 40 mm et plus) n'existent tout simplement plus car elles ne correspondent à aucun usage connu. Après bien des coups de fil infructueux j'ai finalement trouvé mon bonheur chez Weber Métaux qui détient un stock encore conséquent de ronds de Maillechort jusqu'a 35 mm (Un conseil avec Weber Métaux : se déplacer plutôt que de téléphoner. Au téléphone l'employée m'a répondu péremptoirement qu'il n'y avait rien au dessus de 10 mm en se fiant à son ordinateur et sans chercher à en savoir plus...il aurait pourtant suffi de demander au magasinier ce qui m'aurai évité de perdre mon temps à la recherche d'autres solutions).

Le problème de l'alliage résolu, il en reste un autre qui n'est pas moins complexe. Dans le cadre de la restauration d'un appareil des années 20, retrouver de la visserie ancienne n'est pas toujours aisé mais cela demeure possible car cette visserie est normalisée. La visserie utilisée par Ducretet avant 1914 ne correspond le plus souvent à aucune des normes connues aujourd'hui. Un exemple parmi d'autres, les vis (en Maillechort) de fixation des pieds de la boite sont en 5/32ème de pouce et comportent 42 filets par pouce. Dans le cadre d'une restauration qui se veut de haut niveau, il me semble utile de respecter ces particularismes. Ceci implique un long travail de recherche et parfois même de faire fabriquer les tarauds spéciaux qui manquent à l'appel.

 

Les prises femelle d'antenne et de terre utilisées par Eugène Ducretet sur cet appareil présentent des formes particulièrement complexes et difficiles à reproduite. La pièce d'origine (à gauche, provenant d'un récepteur à détecteurs électrolytiques) est très probablement une pièce de fonderie retravaillée ensuite à la fraiseuse. Elle a été reproduite avec une précision au 1/10ème  avec une fraiseuse numérique moderne. La partie cylindrique est traversée par un orifice conique destiné à recevoir la prise male. La fixation est réalisées par 2 vis en maillechort en 5/32ème/42 filets. Cette pièce a été usinée à partir d'un rond de maillechort de 35 mm, tout juste suffisant.

 

La prise d'antenne male a été réalisée en laiton car cet alliage est également utilisé sur les appareils à détecteur électrolytique et tous les autres appareils connus utilisant cette même prise. Comme j'ai disposé d'un modèle, elle est conforme au 1/10ème à l'origine. Le bouton a été réalisé dans du rond d'ébonite de 70mm (merci A.C). Petite entorse à l'origine, le filetage latéral est en M5 (C'est la seule vis de 5 mm de l'appareil, il faut bien parfois accepter de limiter les frais).

 

La prise de terre male est composée d'une tige conique terminée par une sphère. Elle a été reproduite au 1/10ème d'après modèle avec une légère prise de liberté au niveau du cône pour qu'il s'adapte parfaitement à la prise femelle. La vis supérieure est réalisée d'une seule pièce avec filetage 5/32-40F.

 

Borne utilisée pour connecter le relais et le décohéreur au support inférieur. Copiée au 1/10ème d'après une borne empruntée sur le décohéreur (original à gauche) : pas 3,06mm-55F. La vis supérieure sert également à la connexion du cohéreur sur les prises femelle ci-dessus.

 

Borne utilisée sur le support vertical (connexion à l'inscripteur morse, aux piles et au réducteur). Copiée au 1/10ème d'après une borne empruntée sur le décohéreur (original à gauche). Filetage supérieur N°3-56F, filetage inférieur 3,06-55F. La reproduction du moletage a nécessité de nombreux essais.     

 

Différents modèles de vis copiées sur des vis originales au 1/10ème. De gauche à droite :

-Vis de fixation des pieds : 5/32-42F : Utilisée pour l'assemblage des 2 parties du pupitre de commandes, pour la fixation du support d'inverseurs, pour la fixation du décohéreur à la partie horizontale du pupitre.

-Vis de borne 3,06-55F

-Vis de fixation des bornes 3,06-55F

-Vis d'axe d'inverseur : 5/32-42F. Contrairement aux autres cette vis est une interprétation car j'avais seulement à disposition une photo de la tête. 

-Vis moletée de borne N°3-56F (Nb la norme N°3 correspond à 2,57mm)

 

 

 

Inverseur double situé sur le pupitre de commandes. L'aspect général de cette ensemble est resté longtemps une quasi-inconnue jusqu'a ce que je localise un appareil Popoff-Ducretet de 1903-1904 au Canada et que j'accède à des photos de cet appareil. Sur ce modèle, les inverseurs sont identiques mais fixés directement sur le pupitre en bois. Faute de connaître les côtes exactes, j'ai du les extrapoler à partir des photos du modèle 1904 et de la gravure du modèle 1906. La marge d'erreur est de l'ordre du millimètre mais il sera toujours possible de retravailler ces pièces si j'accède un jour à des informations plus précises. Les petites sphères on été réalisée en laiton conformément à ce qui était visible sur les photos. Les curseurs sont en maillechort de 10/10ème (Il est possible qu'ils aient été à l'origine en bronze à ressort nickelé, toujours est t'il que l'on obtient un effet ressort très acceptable avec le maillechort). On s'est inspiré de l'appareil du musée de Radio-France pour la forme des lettres.

 

Les inconnues du problème :

 

Les 2 résistances en boîtier bois (noyer) ont été cotées et reproduites d'après la notice de 1906. Par rapport à l'appareil de 1904 déjà cité, les vis de fixation sont légèrement différentes. Les résistances sont par ailleurs 2cm plus longues que sur l'appareil du musée de Radio-France ce qui confirme le caractère franchement artisanal de ces fabrications. On a placé dernière les résistances une plaque de celluloïd noir de 5/10ème (d'époque), telle que visible clairement sur l'appareil de 1904 et de manière plus imprécise sur la notice de 1906 (l'usage par Ducretet de ce matériaux est confirmé par les 2 étiquettes présentes sur la boite). Les vis sont en 3,06-55F. L'inconnue réside dans la composition interne de ces résistances qualifiées par Eugène Ducretet de "Résistances rectiligne céramique avec barreau en silicium". Faute d'éléments plus précis, ces 2 pièces sont pour l'instant fictives. Il conviendra de les compléter le jour ou l'information sera disponible.

 

Les côtes extérieures des 3 petits shunts (buis) ont été déterminées à partir de la gravure de 1906 et de la photo de l'appareil du musée de Radio-France. Le fil de cuivre a été emprunté à une épave de bobine de Rhumkorff. Il est conforme au fil utilisé sur la résistance de mon cohéreur de démonstration Ducretet (voir page généalogie). Dans la mesure ou la valeur de ces résistances est inconnue, on s'est contenté de 2 épaisseurs de fil. Il conviendra de reprendre ce point le jour ou l'information sera disponible.

 

Le montage final :

 

Les cotes du pupitre de commande ont été déterminées par la mise en perspective de la boite et de la gravure de 1906. La partie horizontale fait 16 mm d'épaisseur et la partie verticale 10 mm. Cet ensemble va recevoir 20 couches de vernis au tampon.

 

L'observation attentive de la gravure de 1906 permet de conclure que le mode d'assemblage des 2 parties du pupitre est le même que sur les appareils Ducretet à double détecteur électrolytique qui sont presque contemporains. Ayant eu accès à 2 de ces récepteurs, j'ai reproduit ce mode d'assemblage à l'identique en fabriquant 2 équerres en laiton. Celles-ci sont constituées de 2 parties soudées bord à bord afin d'obtenir un angle à 90% très propre qui ne pourrait être obtenu par pliage. Les équerres sont assemblées avec les vis 5/32-42F.

 

L'implantation des composants sur le pupitre a été réalisée en prenant pour modèle la gravure de 1906. La mise en perspective de la gravure et de la boite a mis en évidence quelques petits problèmes avec lesquels il a fallu tricher. Ainsi les bornes "morse" ont été décalées de 1,5 cm vers la droite par rapport à la gravure car si l'on avait parfaitement respecté cette dernière elles n'auraient pas été centrées par rapport à la sortie prévue dans la boite (on doit en conclure que la boite en ma possession n'est pas absolument identique en tous points à celle de l'appareil objet de la gravure, même si un examen sommaire le laisse penser). L'implantation des bornes sur le panneau horizontal s'inspire du modèle du musée de Radio-France car cette partie est peu visible sur la gravure. Les plaquettes indicatrices sont en ébonite de 2 mm. La forme et la taille des lettres a été copiée sur l'appareil du musée de Radio-France.

 

Le câblage a été réalisé en fil de cuivre monobrin guipé coton noir de 2mm. C'est ce même fil que l'on trouve sur les appareils à double détecteur électrolytique presque contemporains et on en aperçoit également un bout sur l'appareil du musée de Radio-France. Il s'agit d'un fil ancien (à quel point, je l'ignore) dont il me reste une bobine. Le schéma de câblage n'est pas mystérieux puisqu'il est reproduit dans la notice Ducretet de 1906. Pour ce qui est des points de passage des fils et des fraisages correspondants, cela relève bien entendu de l'interprétation et l'on a juste fait en sorte d'éviter les chevauchements compte tenu du caractère peu convaincant de l'isolant.

 

Les connexions du relais et du décohéreur sur le panneau horizontal ont été réalisées en fil de cuivre multibrin avec isolant coton tressé teinté vert. Les embouts nickelés ont été récupérés sur des épaves d'écouteurs téléphoniques anciens. La gravure de 1906, de même que l'appareil canadien, confirment qu'il s'agit là du type de connexion utilisé à l'origine. Il se justifie pleinement dans le cas du relais car celui-ci est posé sur un support antivibratoire en caoutchouc dont l'effet serait réduit à néant par l'usage de fil rigide. On a reproduit le bornier en ébonite de l'appareil du musée de Radio-France.

 

Touche finale, cette plaque E. Ducretet authentique à été apposée sur le support horizontal entre le relais et le décohéreur. Elle ne figure pas sur la gravure de 1906 mais on retrouve la même sur l'appareil Canadien de 1904 ainsi que sur le relais de certains cohéreurs de démonstration Ducretet contemporains. Sa présence ici n'a donc rien d'anachronique même si elle relève de l'interprétation. 

 

Tel qu'il se présente en mars 2010, ce récepteur semble presque fini...mais une telle restauration ne s'achève jamais complètement. Outre le détail du mécanisme de fermeture, il reste bien entendu le problème des résistances et derrière lui l'espoir secret de rendre un jour l'appareil fonctionnel. Il reste aussi ces petits miracles qui me permettront peut-être un jour de trouver des bornes, des prises d'antenne, un inverseur, une résistance authentiques voir (on peut rêver) un pupitre de commande entier et m'amèneront à me pencher à nouveau sur l'ouvrage. J'ai déjà trouvé le décohéreur, la boite, le relais...après tout rien n'est impossible et c'est bien là ou se situe le plaisir de collectionner.
 

Je remercie les personnes suivantes qui, à des titres divers, ont contribuées à rendre cette restauration possible (que ceux que j'ai oubliés veuillent bien m'excuser) : Camel Belhacène, Guy Biraud, Antoine Campion, Pierre Frichot, Thierry Ohannessian, Mr Rodier.

Post Scriptum (mai 2010) : Au cours de cette restauration j'ai tenté à de nombreuses reprises d'entrer en contact avec des collectionneurs et des musées en Russie, car s'il existe un endroit dans le monde ou de tels appareils sont susceptibles d'avoir survécu, c'est bien dans ce pays. Désintérêt ou, plus vraisemblablement, incompréhension de mes Mails en anglais, je n'ai jamais reçu la moindre réponse. C'est vraiment par hasard, en surfant sur des forums russes consacrés aux radios anciennes, traduits très approximativement par Google, que j'ai trouvé un lien vers un document extraordinaire : le catalogue d'une exposition organisée par le Musée des Communications de St Petersbourg en 2009 à l'occasion du 150ème anniversaire de la naissance d'Alexander Popoff. Et le miracle s'est produit. Parmi une multitude d'appareils remarquables figure un récepteur Popoff-Ducretet à cohéreur et à relais modèle 1905, presque identique à celui de la gravure et quasiment complet. Cette découverte ouvre bien entendu de nouvelles perspectives, en particulier la possibilité de parfaire ma restauration, d'accéder aux informations manquantes et d'affiner les éléments pour lesquels j'avais du me résoudre aux approximations. Tout cela suppose de pouvoir approcher l'appareil autrement que comme un touriste visitant un musée...ce qui est loin d'être gagné. En attendant j'ai rajouté sur ma page généalogie figurant ci-après plusieurs éléments issus de ce passionnant document.

Le document complet est accessible à l'adresse suivante : http://r150asp.ru/admin/data/1/3/Popov_book_28_11_08.pdf  

Au cas ou il viendrait à disparaître sur Internet, j'ai bien entendu fait une copie.